Le James Street Labor Temple constituait l’hôtel de ville du mouvement syndical. Il était situé dans le pâté de maisons où se trouve aujourd’hui le Manitoba Museum. Les sections locales des syndicaux louaient des salles dans ce bâtiment qui abritait les bureaux du CMTW. Helen Armstrong y avait aussi un bureau à titre de présidente de la Ligue ouvrière féminine. Au début de mai en 1919, le Conseil des métiers du bâtiment demande l’aide du CMTW dans les négociations avec leurs employeurs. Il ne sera pas déçu

Le 13 mai, le Western Labor News rapporte que  » […] c’est la première fois de toute l’histoire de Winnipeg qu’une telle réunion du Conseil des métiers a lieu. Elle fut empreinte de tension, d’une énergie électrisante et de détermination. Une masse grouillante de syndicalistes, hommes et femmes, s’y était entassée. Ils ont retenu leur souffle […] » lorsque le CMTW a annoncé les résultats du vote en vue d’une grève de solidarité de tous les travailleurs municipaux : « […] plus de 11 000 ont voté pour la grève, seulement 500 ont voté contre. La foule pousse des acclamations. Il est décidé à l’unanimité dans le plus grand enthousiasme de déclencher la grève le jeudi 15 mai à 11 heures. »

Trois cents membres sont ensuite élus au Comité général de grève, à partir desquels les 15 membres du Comité central de grève. Ce comité plus restreint se réunit tous les jours au Labor Temple tout au long de la grève. C’est lui qui autorise les travailleurs des services essentiels comme le service de police à continuer à travailler et il délivre aux dépanneurs dans le North End des affiches sur lesquelles on pouvait lire « Avec l’autorisation du Comité de grève » pour qu’ils fournissent aux grévistes des produits de base comme du lait et du pain. Le maire Gray et le Comité citoyen soutiennent que ces affiches constituent une usurpation du pouvoir de l’autorité institutionnelle par les grévistes. Le 17 juin, la police fait une descente dans le bâtiment et fracasse des fenêtres, des portes et des meubles. Les bureaux des syndicats sont saccagés et des documents saisis.

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Ce fut une période éprouvante, mais exaltante pour les meneurs du mouvement de grève. Chaque jour commence par une discussion « […] le matin, sur l’impact de la grève,<--caption--> comportant un tour d’horizon de la situation [et…] une heure est consacrée aux affaires courantes du Comité […] ». L’après-midi, ils sortent  » […] pour s’adresser aux foules qui attendent et leur communiquer les nouvelles disponibles « . Le Comité se réunit jusqu’à 18 heures et ensuite ses membres se dispersent encore une fois  » […] dans toutes les directions, aussi bien dans la ville qu’à l’extérieur, pour s’adresser à d’autres foules qui attendent; ils reviennent pour se réunir encore une fois jusqu’aux petites heures du matin […]  » pour ensuite finalement « rentrer chez eux, épuisés* « .

* Western Labor News, May 1919