L’esprit de l’OBU et de la révolution russe souffle de la scène du théâtre Walker le dimanche après-midi du 22 décembre 1918. Le Parti socialiste du Canada y a organisé un grand rassemblement. Pouvant accueillir 2 000 personnes, la salle est bondée des membres du parti et d’autres radicaux politiques. C’est un auditoire de gauche et remarquablement hétérogène sur le plan culturel, avec des travailleurs d’origine anglaise, polonaise, ukrainienne, hongroise, juive, russe et autres. Dans des discours enthousiasmants, des socialistes très en vue comme R. B. Russell, Dick Johns, George Armstrong, William Ivens, Fred Dixon et Sam Blumenberg dénoncent l’inégalité de la société canadienne. Ils réclament la libération de militants syndicaux détenus pendant la guerre et l’abolition de tous les pouvoirs d’exception que le gouvernement s’était octroyés en temps de guerre.

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Certains d’entre eux parlent de la révolution russe en termes élogieux et exigent que le gouvernement fédéral interrompe l’aide militaire aux pays qui s’y opposent. D’autres orateurs prédisent la fin du capitalisme et l’établissement d’un nouvel ordre social. Toutefois, peu de participants à cette réunion ou d’habitants des quartiers ouvriers de la ville prônaient que le Canada s’engage dans un processus de réforme comme celui de la Russie.<--caption--> Ils croyaient que leurs visions d’égalité et de justice sociale se concrétiseraient par un mouvement de masse politique, reposant sur des assistes démocratiques et profondément ancré dans leurs collectivités.